
Depuis un voyage au Japon en 2006, Jean-Marc Lucas a décidé d’ouvrir au public son jardin de bonsaïs, qu’il avait commencé à créer dès les années 1980.
Il en expose plus d’une centaine, sur une surface de moins de 500 m² et les explications qu’il donne aux visiteurs avec plaisir suscitent inévitablement l’intérêt pour cette forme d’art, née en Chine et développée également au Japon. Pendant huit ans, Jean-Marc Lucas a suivi les cours d’un maître japonais qui venait tous les semestres à Rouen pour enseigner sa discipline pendant une semaine.





Du Japon furent rapportées de nombreuses graines d’érables (momiji). Elles sont stockées dans le bac à légumes du réfrigérateur de novembre à janvier ou février, avant d’être semées. Les arbres seront ensuite élevés dans des pots venus généralement de Chine, du Japon ou de Corée. Leurs couleurs sont particulièrement attirantes en automne.
La maitrise de la croissance vient bien sûr de la faible quantité de terre nourricière, mais aussi, dans certains cas, d’un travail d’effeuillage : jusqu’à la fin du mois de juillet, il est en effet possible de supprimer toutes les feuilles des hêtres : il s’en formera de nouvelles, qui seront plus petites. La photo ci-contre présente à gauche un hêtre qui a subi cette opération, et son voisin qui l’attend…

La composition obéit à de nombreuses conventions. Par exemple un groupe de trois pins représente un père protégeant son épouse et leur fils. Un genévrier est décrit comme étant du style du lettré, symbolisant un sage qui n’a jamais fait la guerre et dont le corps n’est pas abimé.
Les pierres jouent un rôle dans l’élaboration des véritables paysages qui sont créés dans un pot. Elles peuvent même devenir des pierres de contemplation, ou Suzeki.
Un pot peut comporter une forêt de mélèzes ; ou une forêt de Stewartia, essence qui figure parmi les collections de Jean-Marc Lucas, avec les Epimedium et les fougères. Ou bien il mettra en valeur un arbre unique, comme un cercidiphyllum (arbre au caramel).
Béatrice Lucas est étroitement associée à l’œuvre de son mari. Elle crée des shitakusas (littéralement plantes d’accompagnement), dans de petits pots qui lors des expositions sont placés à côté des bonsaïs.
Le couple a ainsi réussi à créer un ensemble tout à fait original en Normandie, très varié, et qui est particulièrement esthétique au printemps et à l’automne.

Benoît de Font-Réaulx
MOMIJI-EN, le jardin des érables, est à 10 km au Sud-Est de Rouen, 65 rue des Rouliers, 76520 Gouy. Nombreux renseignements sur la page dédiée au jardin de Momiji-en